joyeux, ou calme.
De l’extérieur, ça paraît triste. Froid et gris. Et moi-même, en voyant des couples âgés au cinéma à midi, je me suis demandé si c’était triste ou pas.
Et pourtant, c’est le Noël le plus apaisé depuis… Depuis quand ? J’ai eu mon lot de stress logistiques, de “il faut”, de contraintes de boulot. “Fêter” Noël à l’hôpital, c’est pas de la tarte.
(Passer le nouvel An aux urgences mais pas dans le cadre du travail, non plus, mais c’est une autre histoire)
J’ai fêté avec des pâtes pimentées, j’ai pris mon courage à deux mains pour aller au cinéma. Deux heures assise à me concentrer, et sans pouvoir m’allonger. J’appréhendais.
Et ce documentaire animalier fut un régal pour les yeux autant que pour les oreilles.
Découvrir les cernes rouges du grand tétras, ces plumes ébouriffées et cette posture majestueuse. Son chant si étrange et sa marche lente sur la glace.
Certes, il est magnifique, et j’ai beau avoir vu sur chaque office du tourisme de montagne petite, que les tétras composaient la faune du parc régional, je n’en ai jamais vu. Et y en a-t-il seulement encore. D’ailleurs, dans les Vosges, dans ce film, il n’y en a plus.
Mais une fois le tétras admiré, j’ai eu envie de pleurer. Cette silhouette d’écureuil, le groin d’un blaireau ou cette tête de vache, pardon de cerf. Les petites têtes de chouettes, et leur parfait camouflage avec le tronc de leur arbre.
Le regard fixe et rouge du hibou grand duc à la caméra. Le regard du fond de la nuit du lynx, en gros plan. “Je t’ai vu. C’est moi qui t’ai trouvé”.
Les Vosges hors été, des forêts humides, noires et hostiles. Un régal pour le cinéaste, qui passe la moitié du film à contempler la brume. On aperçoit des ombres, on voit flou les bestioles. Il est rappelé qu’on entend plus qu’on ne les voit. Si Vincent Munier veut étendre son film avec un podcast, je suis preneuse.
La brume. À travers une toile d’araignée. Devant la neige. L’eau qui s’évapore d’un tronc. Le souffle du tétras. Un cerf essouflé qui fume de sueur.
Ce n’est pas un film comme on a l’habitude de voir.
Il est aussi question de transmission. “Papi ! Je suis coincé dans la neige”.
“Elle est si belle cette mésange avec sa crête. Un peu punk. C’est toi au saut du lit.”
En sortant, je suis passée au bord de l’eau. Un foulque plongeait, un goéland barbotait. Tout était gris, le ciel comme l’eau, même le saule pleureur. Et c’était quand même très beau.
Je suis revenue au chaud, et j’ai caressé les minettes endormies. 