Sous les marronniers

Je restais souvent sous les draps un moment. J’écoutais les craquements du très vieux parquet, le bourdonnement des conversations dans la cuisine. Parfois j’allais chercher de quoi lire, parfois je trouvais le courage de descendre et de faire la bise à la quinzaine de personnes attablées.

Les dernières années, Mone avait toujours un ou deux chatons sur les genoux. Beaucoup de douceur pour moi, elle se tenait bien cachée chez ces humains. Sauf Mone, ces années-là. Toujours heureuse de nous voir arriver, un accueil chaleureux comme si elle avait de la chance qu’on soit là.

La maison immense, où un cactus avait dépassé le premier étage dans la cage d’escalier. Les animaux empaillés d’un autre âge, les cadeaux de Noël entassés dans “le petit salon” qui avait une classe versaillaise comparé à la cuisine. Les placards en bois, une des portes avec les tailles des enfants, l’évier immense en pierre abimé par le temps et ce carrelage qui avait dû être d’un rouge plus vif que ça.

On n’apprécie pas assez certains lieux avant de les avoir perdus.